Depuis 2003, nous préparons la JMJ 2005, financièrement, spirituellement et socialement, sous le nom des « Pèlerins de Sherbrooke ». C’était la base quoi! Maintenant, nous sommes revenus. Qu’est-ce que j’ai vécu? Qu’est-ce que je veux vivre?
Pour moi, c’est un grand bain de jeunesse, de vent dans mon coeur et dans mon esprit de foi que j’ai vécu cet été en Allemagne. Nous avons vécu des émotions d’enthousiasme et d’intériorité en passant parfois par toutes sortes de déceptions, mais nous n’y sommes pas demeurés accrochés.
Toucher du doigt la foi de personnes qui ont eu à se battre pour elle et la garder vivante à travers la guerre qui amenait un vent contraire, quoi de plus ressemblant à ce que nous sommes à vivre dans l’Église du Québec. Au début du pèlerinage de la JMJ, cette constatation, lors de notre passage en familles d’accueil dans la région de Cloppenburg dans le Nord de l’Allemagne, m’a fait saisir que, comme chrétiens et chrétiennes, nous avons à approfondir notre foi à la manière des racines d’un arbre qui cherchent à descendre toujours plus creux au centre de la terre pour s’en nourrir, s’y abreuver et, aussi, s’y accrocher pour faire face aux vents de tempêtes.
Laisser vivre sa foi dans une mer de croyants, c’est désaltérant, mais encore plus engageant pour l’avenir si on se laisse toucher le coeur et regarder par Dieu à travers cette mer. Voici des extraits que je garde à la mémoire du coeur de ce que j’ai vécu tout au long de mon pèlerinage à Cologne; ce que disait Mgr Ricard, archevêque de Bordeaux, lors de notre catéchèse du vendredi 19 août vécue sous le thème «Vivre dans le monde en véritables adorateurs de Dieu ».
L’adoration est une affaire d’amour
Adorer Dieu veut dire aimer Dieu, le vénérer, vivre une amitié profonde avec lui. Adorer Dieu, c’est le mettre au centre de sa vie, c’est avoir soif de lui, c’est vouloir vivre une relation profonde de foi et d’amour avec lui. Alors, rien n’est plus opposé à l’adoration, pour des personnes qui se disent croyantes, que de donner à Dieu dans sa vie une petite case parmi d’autres (en le réduisant à n’être qu’une tradition familiale, une croyance, une valeur ou un simple réconfort pour les temps durs.
L’expérience de l’adoration implique d’être aimé de Dieu, d’aimer Dieu et d’aimer avec Dieu.
Être aimé de Dieu
Quand le Seigneur vient, il vient avec la force transformante de son amour. Le coeur du message du Christ dans l’Évangile est de dire à chacun : « Tu es aimé. Tu es le fils, la fille, bien-aimé(e) du Père. Tu es unique à ses yeux. Laisse-le demeurer en toi et tu verras combien cet amour est puissance d’illumination (il éclaire ta route et donne un sens à ta vie)… Cet amour sera en toi comme une force qui te permettra de tenir bon dans les difficultés, comme un courage qui te donnera la force intérieure de témoigner, même dans un milieu hostile. Cet amour enfin, qui est une participation au feu de l’amour divin, t’aidera à aimer, à aimer généreusement, à te donner toi-même. »
Aimer Dieu
De l’expérience d’être aimé naît le désir de répondre à cet amour par notre propre amour du Seigneur et d’y répondre de tout notre coeur, de toute notre âme et de tout notre pouvoir. Nous redisons à Dieu notre foi, notre confiance, notre amour, notre désir de vivre profondément lié à lui comme le sarment à la vigne. Cet amour pour Dieu, nous avons sans cesse à le recevoir de Dieu lui-même comme un fruit de l’Esprit. Il faut rester branché sur Dieu. Cela nous appelle à être fidèle à ces rendez-vous que Dieu nous donne que sont la prière, l’écoute et la lecture des Écritures et la participation à l’Eucharistie, où le Christ, par sa présence réelle parmi nous, ne reste pas simplement avec nous mais en nous. « On comprendra ici que l’invitation de Benoît XVI faite aux jeunes de participer à l’Eucharistie le dimanche, ce qui n’exclut pas les autres jours de la semaine, fait partie d’une réponse d’amour à un appel d’amour et non de se vivre au niveau de la tradition, ou de vivre en bon chrétien. Au même titre que des amoureux ne font pas que se dire qu’ils s’aiment mais ils se le montrent, nous, amoureux du Christ, nous avons le goût et le désir de mener au sommet notre relation avec lui. »
Aimer avec Dieu
Le véritable adorateur est celui qui ne sépare pas amour de Dieu et amour du prochain, qui vit inséparablement une passion pour Dieu et une passion pour l’humain. Il est celui qui se laisse toucher avec le Christ (et en lui) par cette vue des foules « harassées et prostrées comme des brebis qui n’ont pas de bergers ». Le véritable adorateur, tel que Dieu le veut, ne peut pas ne pas avoir comme le Christ, comme le Père lui-même, des entrailles de miséricorde. Entrer dans une attitude d’adoration, c’est entrer dans une expérience de joie, de paix, de confiance totale en Dieu et d’action de grâce. Les JMJ sont un ressourcement de foi mais surtout un souffle de vie pour notre Église. Comme je souhaite que vous côtoyiez les pousses de vie et le feu que Dieu a déposés dans nos jeunes! Et si nous avions l’audace et la folie de brûler à ce même feu! C’est ce que je nous souhaite à chacun et chacune pour propager vraiment cet amour, ce feu que Dieu est venu porter sur la terre.
Maryse Turgeon, fcscj