Cette année, deux de nos soeurs célèbrent leur centième anniversaire de naissance. Elles sont une source d’informations sur notre histoire tant religieuse que sociale.
Toutes les deux ont fait carrière dans l’enseignement mais là s’arrête la similitude. Certes, nous vivons en communauté de foi et de partage; cependant, chaque personnalité a su s’affirmer et prendre une place unique.
Soeur Jeanne Morissette se souvient d’avoir trouvé difficiles ses années de formation à la vie religieuse, elle n’avait que 16 ans à l’époque. À 18 ans, elle commençait à enseigner à Martinville. Là encore, il lui a fallu s’adapter à vivre à la campagne, comme elle dit. Pour une jeune fille de Thetford Mines, ce village semblait bien petit. Très tôt, Soeur Jeanne devint professeur d’anglais à Magog. Elle avait d’abord étudié l’anglais au couvent des F.C.S.C.J. de Newport, Vermont, USA et poursuivi ensuite des cours durant les vacances d’été en vue d’obtenir un diplôme de langue seconde. C’est comme professeur d’anglais, dévouée et infatigable, quand il s’agissait de faire apprendre le vocabulaire ou les règles de grammaire que Soeur Jeanne se fit connaître à Magog où elle enseigna durant 40 ans. Bien qu’elle ne se soit jamais considérée comme un grand professeur, sa détermination et sa générosité au travail étaient reconnues par des élèves qui appréciaient sa ténacité. Voilà tracé en peu de mots un parcours de femme généreuse. Aujourd’hui, on exige des professeurs une aisance langagière, ce n’était pas le cas en 1937. Un perfectionnement constant et une ardeur peu commune ont permis à Soeur Jeanne, à l’époque, de répondre aux exigences requises; en cela, elle mérite notre appréciation pour son travail.
Sœur Cécile Fortier, notre 2e centenaire, entra en communauté à 18 ans. À 20 ans, elle alla enseigner à Barraute en Abitibi. Sœur Cécile se souvient combien son groupe communautaire était ajusté à cette vie rude des premiers colons du Nord. Elle trouve même que cela allait trop loin et en éprouve un certain malaise en revenant dans l’Est où la manière de vivre est différente, plus raffinée à son goût. Quant à l’enseignement, il lui fait peur, saura-t-elle bien remplir sa profession ? Heureusement, elle voit son autorité reconnue par le représentant de la fonction publique. C’est un bon départ qui lui permettra de travailler ferme avec les élèves qui lui seront confiés pour que ces derniers bénéficient de la même formation que les étudiants des Cantons de l’Est. La fierté et l’application la caractérisent. Tout ce qui mérite d’être fait, mérite d’être bien fait, peut-elle écrire au tableau noir où se trouvait toujours la pensée du jour, le bon mot qui dynamisait et invitait à l’excellence où que l’on soit. En communauté, la vie est facilitée par la prière d’Église : l’Office divin récité en groupe et l’Eucharistie accueillie comme le tremplin de la journée. Voilà ce qui a permis à Sœur Cécile d’assumer ses tâches journalières. Aujourd’hui, toute sa vie est rythmée par la prière, tantôt commune, tantôt individuelle, c’est là une richesse qui donne sens à ses cent ans.
Note : S. Cécile était en contact très étroit avec sa famille qui lui a fait une belle fête. On peut en voir des échos (diaporama et vidéos de la fête) en cliquant ici.