Le noviciat des Filles de la Charité du Sacré-Cœur de Jésus pour l’Amérique s’est ouvert en novembre 1911, il y aura donc 100 ans bientôt. Notre site web publie des photos et des textes reliés à cet événement charnière du développement de la congrégation. Revenez nous voir de temps à autre. Dès maintenant, accédez à des pages sur le sujet.
Dans le cadre de cet événement, le prochain numéro de notre revue Les sillons sera consacré à la province canadienne de la congrégation. Il sera illustré d’un grand nombre de photos. Une fête, tenue dans les lieux mêmes du premier noviciat, soulignera aussi l’événement, en novembre prochain.
Mère Gertrude
Mère Gertrude fut la première Supérieure de la Communauté d’Amérique. Elle assuma aussi la charge de maîtresse des novices. De plus, en vue de pourvoir à la responsabilité relative aux lois civiles de la Province de Québec, la supérieure générale, Mère Rose de Ste-Marie, avait ajouté à ce mandat, celui de Procuratrice de la Communauté de Les Filles de la Charité du Sacré-Cœur de Jésus, aux fins de signer des lettres de change et des billets, de déposer des fonds dans les banques, de les retirer, de donner des reçus, etc. Elle avait enseigné pendant 24 ans en divers établissements de la Congrégation dont elle avait été parfois directrice. Elle était assistante de la supérieure générale et visitatrice des établissements au moment où elle fut nommée pour la fondation du noviciat de Sherbrooke. Elle avait 55 ans.
J’emprunte à Sœur Jeanne Agnès (L’établissement de la congrégation en Amérique, p. 192) les grandes lignes du portrait qui suit.
Les nombreuses sœurs qui l’ont connue nous parlent d’abord de sa droiture et de sa simplicité. Tout moyen détourné la fait souffrir et sa droiture la dresse contre la ruse. Dans ses instructions, elle fustige les natures lâches et efféminées qui appréhendent tout ce qui gêne et se laissent abattre pour des riens. « Ne soyons pas des guenilles… » répétait-elle souvent à ses novices qui n’ont pas oublié ce refrain et l’ont repris pour fouetter leur énergie. Elle joint l’exemple à la parole. En plus de la direction de la maison, « elle entretient une correspondance suivie avec les diverses obédiences et sait encore trouver le temps, au moment des récréations, de prendre part au sarclage du jardin, à l’entretien des parterres, etc. », relate sœur Saint-Edgard, sa fidèle assistante.
Mais c’est la bonté qui la caractérise : « Nous ne craignions pas d’aller vers elle avec confiance », écrit une sœur. Une autre raconte le fait suivant : « J’avais, un jour, cassé la tête d’une belle statue de saint Gérard Magella. Tout en pleurs, je vais m’accuser de cette maladresse à notre Mère. Me voyant arriver contrite, elle me regarda en souriant et me dit : « Mais, ma chère enfant, ne pleurez pas ainsi! Si c’était votre tête qui était cassée, je comprendrais, mais du plâtre, ce n’est pas grave… ».
Un accident banal, une chute, eut de graves conséquences, à la suite de quoi elle retourna en France où elle mourut après quelques mois. Elle avait dit à ses sœurs du Canada avant son départ : « Je vous connais toutes, j’ai fondé l’Oeuvre, je m’y suis attachée en y mettant tout mon cœur. »
Les premières sœurs résidentes du 177, Bowen sud
Outre Mère Gertrude, trois sœurs et six postulantes furent les premières habitantes de la maison récemment achetée en vue d’être la maison principale et le lieu de noviciat des FCSCJ en Amérique. S. Henri des Anges donnait des leçons de piano, de peinture et de dessin aux postulantes et novices et assumait les services de portière, de sacristine et de lingère chez les sœurs professes. S. Clothilde du Sacré-Cœur était préposée aux multiples travaux de la cuisine, de l’entretien des locaux et de la culture du jardin, elle ne vécut que quelques années au Canada. S. Saint-Edgard , assistante de Mère Gertrude, partageait ses fonctions administratives. De plus, elle enseignait l’anglais et diverses autres matières académiques, tout en dirigeant les jeunes sœurs dans l’entretien de la lingerie du noviciat et du raccommodage des habits.
Les premières postulantes avaient nom :
Marie-Antoinette Bissonnette (Sœur Marie de la Nativité), Magog
Éva Lamoureux (Sœur Béatrice de Jésus), Magog
Agnès Robin (S. Paul de Sainte-Marie), Valcourt
Alice Fafard (S. Marie-de-la-Présentation), Valcourt
Olivine Bombardier, Valcourt
Rosalie Racicot, Valcourt
Les quatre premières persévérèrent dans leur choix de vie.
Lettre de S. Marie Antoinette
Note : Une lettre, trouvée dans les papiers de Mme Bertha Langlois, nous a récemment été remise par son fils. L’intérêt en est qu’elle provient d’une des toute premières soeurs canadiennes. La voici in extenso.
Sœur Marie-Antoinette (Marie-Antoinette Bissonnette, de Magog) a fait partie du premier groupe de jeunes filles reçues à Sherbrooke. Un mois après son arrivée au noviciat, elle écrit à son amie.
Jeudi 16 Novembre [1911]
Mlle Bertha Donigan
Magog
Chère future petite Sr,
J’ai reçu la jolie image que [tu] m’as envoyée. L’aimable intention que tu as eue pour moi m’a causé un grand plaisir.
Nous avons fêté notre Bonne Mère, mardi soir et nous avons eu congé le lendemain qui se trouvait le 15, nous avons bien prié pour elle.
Bertha Donigan
Bertha Donigan
Je commence à m’habituer au Noviciat, si tu savais comme il fait bon ici, tu y viendrais tout de suite, aussi il me tarde de te voir arriver.
Nous sommes six postulantes et nous vivons bien ensemble. Nous avons commencé la classe vendredi, et je te réponds que nous ne perdons pas de temps, nous sommes toujours occupées de sorte que nous n’avons pas le temps de nous faire d’idées noires.
Je n’ai pas oublié les pensionnaires dans mes prières principalement pour celles que le Sacré-Cœur semble appeler à Lui.
Au revoir chère Bertha, j’espère qu’un jour tu viendras me trouver au Noviciat.
Sr. M. Antoinette
Saurez-vous répondre?
1. date du contrat d’achat du petit château de Mme E. E. Ives
2. date de la première messe dans la chapelle tour récemment aménagée
3. date de l’arrivée de Mère Gertrude et ses compagnes
4. premier chapelain
5. premier animal à faire partie de la communauté
6. local où était situé la chapelle en 1911
7. local où était situé le réfectoire en 1911
8. local où était située la cuisine
9. local où était située la salle du noviciat
RÉPONSES
1. 23 mai 1911
2. 28 juillet 1911
3. 6 octobre 1911
4. J.E. Gosselin, prêtre, arrivé en septembre ou octobre 1911
5. une vache laitière, avant octobre 1911
6. grand salon
7. lingerie de S. Olivette Boissé
8. bureau de S. Maryse Turgeon
9. bureau du Directeur des services, D. Désilets
Un centenaire
L’année 2011 marque le centenaire de la prise de possession de la maison berceau et soutien de la communauté des sœurs canadiennes et plus encore le centenaire de l’ouverture du noviciat d’Amérique. Nous voulons le célébrer pour nous réjouir de toutes ces femmes qui ont trouvé là une solide formation aux valeurs spirituelles et une préparation en vue d’apporter une contribution à la société en un temps où les guides de la société (hommes politiques, curés, notables…) comprenaient l’importance cruciale pour les jeunes d’une bonne instruction et de valeurs morales élevées. Mais le Québec d’alors n’en avait guère les moyens. Greffant une aide à la santé et à des services sociaux des plus variés, les FCSCJ ont donné leur vie à élever le niveau de culture des Québécoises et Québécois et à leur donner le goût et l’habitude des qualités qui font un bon citoyen, vivant sous le regard de Dieu et inspiré par l’Évangile.
Le noviciat a aussi préparé des missionnaires, inspirées par le désir de communiquer la Bonne Nouvelle de l’Évangile et les secours hospitaliers, scolaires et sociaux.
En cette année centenaire de la mise au monde canadienne des FCSCJ, nous tenons en nos mains cette gerbe de femmes, (872) avec tout leur vécu, et nous la tendons vers le Sacré-Cœur en disant : C’est la charité de ton Sacré-Cœur qui les a inspirées. Dieu soit loué et remercié.
Ce grand mouvement traversant un siècle, nous le devons – après Dieu – à des sœurs françaises qui sont venues porter le meilleur d’elles-mêmes et ouvrir aux Canadiennes comme aux Américaines les trésors de leur initiative, de leur sagesse, de leur foi, de leurs connaissances, de leurs forces. Nous les saluons et les remercions.
Note : On aimera compléter cette lecture en visitant La trace de Dieu, série 9.
Cent ans plus tard, le petit château
En 1911, une vaste demeure fut achetée à Sherbrooke pour devenir la maison du noviciat où seraient formées à la vie religieuse et professionnelle les Filles de la Charité du Sacré-Coeur d’Amérique. Elle serait aussi la principale maison au Canada. Elle l’est encore. Le 6 novembre 2011, nous avons fêté dans la joie le centenaire de cette vénérable dame. Nous présentons ici un écho de cette fête par l’intermédiaire d’un montage photos et grâce à un court vidéo.
Un moment fort de cette célébration fut, en effet, le chant du Magnificat en grégorien, dirigé par Soeur Hélène Parent, qui forma un grand nombre de postulantes et novices au cours de sa longue carrière comme directrice de la chorale.

















